Gaz: l'UE continuera de réduire sa demande, incertitudes persistantes sur l'offre russe

04/03/2024
AFP

Les Etats de l'UE ont accepté lundi de renouveler pour l'hiver 2024-2025 l'objectif de réduction volontaire de leur consommation de gaz, initialement adopté en 2022 face au choc de la guerre en Ukraine, sur fond d'incertitudes sur l'offre de gaz russe par gazoduc.

Soucieux d'amortir la chute des livraisons russes et de réduire leur dépendance aux hydrocarbures importés, les Vingt-Sept s'étaient entendus à l'été 2022 pour réduire leur demande de gaz sur l'hiver suivant de 15% par rapport à la moyenne des cinq années précédentes.

Cet objectif "volontaire" avait été reconduit à l'identique pour l'hiver 2023. La cible a été largement dépassée, grâce à une météo clémente et aux tarifs élevés qui ont poussé ménages et entreprises à faire des économies.

"Les mesures de réduction de demande ont permis d'économiser environ 18% de notre consommation de gaz entre août 2022 et janvier 2024", par rapport à la moyenne entre avril 2017 et mars 2022, s'est félicitée la commissaire européenne à l'Energie Kadri Simson.

Les ministres de l'Energie réunis lundi à Bruxelles ont décidé de poursuivre l'effort: entre avril 2024 et fin mars 2025, les Etats s'efforceront de baisser de 15% leur consommation gazière par rapport à la moyenne 2017-2022, en restant libres des moyens d'y parvenir.

Il faut "rester préparé à toute rupture d'approvisionnement pour garantir un hiver sûr à nos citoyens et industries", a insisté Tinne Van der Straeten, ministre belge de l'Energie, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE.

Outre une demande réduite, l'UE a gonflé ses achats de GNL (gaz naturel liquéfié) auprès des Etats-Unis et de la Norvège, et gonflé ses énergies renouvelables.

En conséquence, le gaz russe ne représentait plus en 2023 que 15% des importations totales de gaz de l'UE, contre 24% en 2022 et jusqu'à 45% en 2021, a indiqué Mme Simson. Mais les incertitudes persistent sur l'offre russe transitant toujours par l'Ukraine, et dont dépendent des pays enclavés d'Europe centrale, dont l'Autriche.

"L'accord de transit entre (le russe) Gazprom et (l'ukrainien) Naftogaz expire le 31 décembre 2024. Or, l'an dernier, il a transporté 14 milliards de m3 de gaz russe (...) Nous avons examiné avec les Etats concernés quel serait l'impact d'un arrêt", a expliqué Kadri Simson.

"L'UE dispose d'un réseau diversifié d'infrastructures de transport alternatives" leur permettant de "s'approvisionner via d'autres voies", mais au prix d'une probable "hausse des coûts de transport", "d'où l'importance de continuer à réduire la demande", a-t-elle insisté.

Adoptées dans le cadre du "Pacte vert", les législations européennes pour renforcer l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables "entraîneront une réduction structurelle de la demande (de gaz) dans un avenir proche", rappelle le Conseil (organe représentant les Etats) dans un communiqué.

jug/ber

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