Le gaz européen au plus haut depuis mars, approvisionnement perturbé depuis Israël
Le cours du gaz européen était en forte hausse jeudi, atteignant son plus haut niveau depuis mars, de nombreuses perturbations de l'offre en provenance d'Israël mais aussi de Finlande et des menaces de grèves en Australie poussant les cours, à l'approche de l'hiver.
Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, évoluait à 48,30 euros le mégawattheure (MWh), en hausse de plus de 15%, peu après avoir touché 53,30 euros le MWh, son plus haut prix depuis début mars.
La hausse des prix est "principalement liée au risque géopolitique et à l'incertitude dans la région du Moyen-Orient", affirme André Nikolai Nilsen, analyste de Rystad Energy, interrogé par l'AFP.
Au large des côtes israëliennes, le groupe Chevron a suspendu les activités de sa plateforme Tamar, sur instructions des autorités.
La fermeture du champ gazier de Tamar "devrait avoir des répercussions importantes, car elle entraînera une réduction de près de 50% de la production nationale de gaz d'Israël", affirme Zongqiang Luo, analyste chez Rystad Energy.
Une part importante du gaz extrait de Tamar est "essentielle" pour répondre à la demande intérieure d'Israël en matière de production d'électricité, souligne-t-il, au point où "la pénurie imminente de l'approvisionnement en gaz pourrait nécessiter l'utilisation de combustibles alternatifs comme le charbon pour combler le fossé".
Depuis l'offensive du Hamas samedi, Israël a "réduit ses exportations de gaz vers l'Egypte de 20%", ce qui a "des répercussions sur les exportations égyptiennes de GNL (gaz naturel liquéfié, ndlr) vers l'Europe", explique Ole Hvalbye, analyste chez Seb.
En parallèle, le président finlandais Sauli Niinistö a annoncé mardi que la fuite sur un gazoduc reliant la Finlande à l'Estonie en mer Baltique, qui a provoqué l'interruption de son fonctionnement dimanche, avait probablement "résulté d'une activité extérieure" sans plus de précisions.
Les services de renseignement finlandais ont estimé jeudi que la menace d'opérations russes sur les infrastructures finlandaises avaient augmenté depuis son adhésion à l'Otan.
Cette fuite ajoute une "volatilité supplémentaire sur le marché et exerce une pression haussière sur les prix", poursuit André Nikolai Nilsen.
D'autant que "la simple possibilité qu'il s'agisse d'un sabotage jette un doute sur la sécurité des infrastructures énergétiques clés de l'Europe", note Ole Hvalbye.
En Australie enfin, l'un des principaux pays producteurs de GNL au monde, les travailleurs des installations gazières de Chevron menacent toujours d'entrer en grève plus tard dans le mois.
Ces différents événements interviennent aux portes de l'hiver, saison marquée par une forte demande de gaz, notamment pour le chauffage des particuliers.
Selon le cabinet Bruegel, le Vieux continent est "prêt" pour l'arrivée des températures hivernales, l'UE ayant atteint "son objectif de 90% de stockage de gaz deux mois avant l'échéance fixée en novembre".
A l'inverse du gaz, les cours du pétrole ont ralenti leur hausse jeudi après la publication hebdomadaire sur les stocks aux Etats-Unis par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), faisant état d'un bond de 10,2 millions de barils des réserves de brut alors que les analystes prévoyaient un recul.
Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, prenait 0,40% à 86,16 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en novembre, montait de quelque 0,02% à 83,51 dollars.
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