Le gaz naturel frôle les 50 euros, perturbations de la production norvégienne

15/06/2023
AFP

Les prix du gaz naturel frôlaient la barre des 50 euros le mégawattheure jeudi, poussés depuis début juin par la baisse de l'approvisionnement en provenance de Norvège, en raison de fuites et de maintenances sur de nombreuses installations.

Vers 15H30 GMT (17H30 à Paris), le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, montait de plus de 10% à 42,30 euros le mégawattheure (MWh), peu après avoir touché les 49,95 euros le MWh, un plus haut depuis début avril.

"Plusieurs interruptions de la production norvégienne, combinées (...) ont entraîné une augmentation de plus de 50% (des cours) des contrats à terme les plus échangés" sur le marché européen, commentent les analystes d'Energi Danmark.

Dans le sillage de la guerre en Ukraine, la Norvège est devenue le principal fournisseur de gaz naturel du continent européen.

Fin mai, "une fuite de gaz à l'usine GNL d'Equinor à Hammerfest l'a obligée à fermer", dopant les prix, notent ainsi les analystes de DNB.

Résultat: selon Lu Ming Pang, de Rystad Energy, les flux via gazoducs norvégiens vers l'Europe continentale et le Royaume-Uni ont reculé à 244 millions de mètres cubes par jour au 5 juin, contre 300 millions de m3 par jour observés l'année dernière.

Début juin, le prix du TTF avait chuté jusqu'à 22,885 euros le MWh, son prix le plus bas depuis mai 2021, les niveaux de stockage élevés en Europe combinés à une demande moindre en raison de températures douces au printemps pesant sur les cours.

Mais depuis, le prix du TTF s'est envolé de plus de 85%.

Cette forte hausse reste tout de même modérée par rapport aux envolées que le TTF, très volatil, a déjà connues. Pour DNB, la montée des prix n'est "pas dramatique pour les marchés gaziers européens, qui sont actuellement en surabondance compte tenu de la faiblesse de la demande".

La remontée des prix du gaz en Europe "est survenue alors que les importations de GNL (gaz naturel liquéfié) ont commencé à ralentir sous l'effet conjugué d'une maintenance lourde des installations d'approvisionnement en GNL et d'une demande asiatique plus élevée", indiquent les analystes d'Energy Aspects dans leur rapport hebdomadaire distribué par UniCredit.

Les diminutions d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié étaient attendues par les analystes, mais "le marché a pris la preuve physique de ce ralentissement comme une occasion de se désengager de certaines des positions courtes qui s'étaient accumulées sur le marché du gaz", poursuivent-ils.

Côté pétrole, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, prenait 2,28% à 74,87 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en juillet, gagnait 2,40% à 69,91 dollars.

Les cours profitaient de la pause des hausses de taux de la banque centrale américaine (Fed) annoncée mercredi, une première depuis mars 2022 après dix hausses consécutives.

De quoi permettre à la première économie mondiale de souffler un moment, ce qui pourrait soutenir la demande de brut.

La Banque centrale européenne (BCE) a quant à elle remonté ses taux directeurs de 0,25 point de pourcentage jeudi.

Mardi, la banque centrale chinoise avait, à la surprise des analystes, abaissé son taux directeur à court terme, une mesure pour soutenir l'activité de la deuxième économie mondiale dans un contexte d'essoufflement de la reprise post-Covid.

"Ce sont de petits facteurs haussiers, qui pourraient toutefois s'avérer suffisant" pour soutenir les prix du pétrole brut, relève Craig Erlam, analyste d'Oanda.