Le pétrole avance légèrement, entre géopolitique et offre excédentaire
Les cours du pétrole ont légèrement progressé lundi, dans un marché peu fréquenté avant le Nouvel An, poussés notamment par l'annonce d'un nouveau volet d'aide des Etats-Unis pour l'Ukraine.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en février, dont c'est le dernier jour de cotation, a gagné 0,30% à 74,39 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison le même mois, s'est octroyé 0,55% à 70,99 dollars.
"La récente annonce d'une aide supplémentaire (des Etats-Unis) à l'Ukraine montre que le conflit n'est pas près de se résoudre", a observé auprès de l'AFP John Kilduff, analyste d'Again Capital.
Quelques jours avant de céder le pouvoir à Donald Trump, Joe Biden a annoncé lundi un dernier volet massif d'aide militaire et économique à l'Ukraine, pour un montant total avoisinant 6 milliards de dollars.
Cette assistance est constituée pour près de 2,5 milliards de dollars d'équipements militaires, dont certains seront livrés immédiatement et d'autres plus tard, et pour près de 3,4 milliards de dollars de soutien budgétaire direct à Kiev.
"Ce soutien vient à un moment décisif, alors que la Russie intensifie ses attaques", a commenté le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur le réseau social X, en faisant part de sa "gratitude".
Selon M. Kilduff, la prime de risque géopolitique découle aussi de "la chute de Bachar al-Assad" le 8 décembre dernier. "Le Moyen-Orient est actuellement en plein bouleversement et nous attendons de voir comment tout cela va s'arranger", a-t-il ajouté.
Toutefois, "le pétrole est sur la voie d'une baisse annuelle après des mois d'échanges turbulents", a rappelé Matt Britzman de Hargreaves Lansdown, avec une chute du Brent d'un peu plus de 4% depuis le début de l'année.
"L'hypothèse de référence (pour 2025) semble être une perspective baissière, étant donné l'offre excédentaire", a avancé M. Kilduff, avec une production attendue en hausse aux Etats-Unis, au Canada, au Brésil et au Guyana.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit "un excédent d'offre de 950.000 barils par jour" en 2025, qui pourrait s'accentuer si l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) "ne reconduit pas ses coupes volontaires au-delà du mois de mars".
Huit membres de l'Opep+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés), dont l'Arabie Saoudite et la Russie, prévoient de revenir progressivement sur des coupes de production de 2,2 millions de barils consenties depuis l'an dernier.
La réintroduction de ce volume est pour l'instant prévue à partir d'avril 2025, à hauteur de 120.000 barils par jour ajoutés chaque mois pendant dix-huit mois.
En outre, la situation économique de la Chine - premier importateur mondial d'or noir - inquiète les intervenants, malgré l'annonce la semaine dernière de la mise en place d'une politique budgétaire "encore plus active" pour 2025, notamment pour soutenir une consommation toujours fragile.