Le pétrole indécis après les frappes américaines en Iran
Les cours de l'or noir sont brièvement repassés dans le rouge lundi, après une envolée enregistrée dans la nuit en réaction aux frappes américaines sur l'Iran dimanche matin, le marché semblant écarter l'hypothèse d'un blocage par Téhéran du détroit d'Ormuz, où transite 20% du pétrole mondial.
Ils ont depuis repris une légère progression. Vers 09H25 GMT (11H25 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, gagnait 0,39% à 77,31 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison le même mois, progressait de 0,37% à 74,11 dollars.
Le Brent, référence mondiale du pétrole, avait d'abord bondi de 5,7% en début d'échanges, à 81,40 dollars le baril, son plus haut depuis fin janvier, mais le marché s'était finalement apaisé.
"Ce manque de réaction est fascinant", souligne Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. "On a vraiment l'impression que les marchés réagissent de moins en moins à l'actualité."
Les investisseurs sont en fait dans l'attente de la réaction promise par Téhéran après les frappes américaines, qui ont permis selon Washington de détruire son programme nucléaire.
Un développement pourrait en principe les préoccuper: le blocage par l'Iran du détroit d'Ormuz, qui relie le Golfe persique au Golfe d'Oman, passage stratégique pour les tankers du Moyen-Orient.
Selon Ipek Ozkardeskaya, un tel scénario ferait plus que sensiblement augmenter les prix de l'or noir, celui du brut américain pouvant "franchir le seuil des 100 dollars le baril", soit 25 dollars de plus que ce lundi.
"Cela serait douloureux pour les consommateurs américains, pour la base électorale de Donald Trump, pour l'économie mondiale, mais également pour l'Iran et sa population", souligne Bjarne Schieldrop, analyste de SEB.
Avec 3,3 millions de barils par moins, dont elle exporte environ la moitié, la République islamique est la neuvième productrice mondial d'or noir. Le détroit d'Ormuz est donc tout aussi stratégique pour elle.
Une telle escalade nuirait en outre à la Chine, principal client du pétrole iranien, ce qui pourrait contribuer à refroidir le risque d'une riposte de grande ampleur.
Le risque d'un blocage d'Ormuz semble dès lors globalement écarté par les investisseurs, en tout cas pour le moment, d'autant plus qu'une hausse des prix finirait par "s'atténuer grâce à une éventuelle libération des réserves stratégiques, en particulier aux États-Unis et en Chine", remarque Ole Hansen, de Saxo Bank.