Le pétrole plonge, les hausses de taux directeurs pèsent
Les cours du pétrole ont plongé jeudi après une nouvelle salve de remontée des taux directeurs au Royaume-Uni, en Norvège, en Turquie et en Suisse, faisant ressurgir les craintes de récession mondiale susceptible de faire chuter la demande d'or noir.
Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, a perdu 3,86% à 74,14 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois, a abandonné 4,16% à 69,51 dollars.
Les hausses des taux directeurs des grandes banques centrales ont des conséquences sur la demande de pétrole, car elles pèsent sur les économies en renchérissant le coût du crédit pour les ménages et pour les entreprises.
"Il semble que les investisseurs en énergie se concentrent sur les messages agressifs de la Fed et d'autres banques centrales" pour lutter contre l'inflation plutôt que sur le rapport "relativement optimiste de l'EIA sur le pétrole brut", décrivant les stocks hebdomadaires commerciaux américains, a affirmé à l'AFP Edward Moya, analyste d'Oanda.
Les stocks américains de pétrole brut ont en effet diminué de 3,8 millions de barils la semaine dernière aux États-Unis, à la surprise des analystes qui s'attendaient à une petite hausse, selon des chiffres publiés jeudi par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Ces données favorables auraient du soutenir les cours.
"Malgré une diminution inattendue des stocks américains (...), les craintes croissantes que la demande d'énergie puisse s'effondrer --vu la hausse surprise de cinquante points de base des taux de la Banque d'Angleterre et la poursuite de la rhétorique belliciste de la Fed--, ont conduit le WTI sous la barre des 70 dollars", a pour sa part expliqué Bart Melek de TD Securities.
L'analyste cite également les craintes "d'une récession imminente aux Etats-Unis, les faibles performances économiques chinoises et des données positives sur les expéditions iraniennes" qui jouent "un rôle important dans le fait que les gestionnaires de fonds se sont éloignés du marché du pétrole".
La Banque d'Angleterre a relevé jeudi ses taux pour la 13e fois de suite de 0,5 point, les portant à 5%. La Banque de Norvège a mis les bouchées doubles pour tenter d'enrayer une inflation, en relevant également jeudi de 0,5 point son taux directeur, à 3,75%.
La Banque centrale turque a quant à elle rehaussé jeudi son principal taux directeur à 15% dans un revirement majeur lors de sa première réunion de politique monétaire depuis la réélection du président Erdogan.
Enfin, la banque nationale suisse (BNS) s'est également rangée jeudi dans le camp des banques centrales qui continuent de relever leurs taux directeurs, portant le sien à 1,75%, soit 0,25 point en plus.
Avec cette nouvelle salve de remontée des taux, "les craintes de récession s'accroissent", affirme Tamas Varga, de PVM Energy, interrogé par l'AFP.