Pétrole: la stratégie prix de l'OPEP+ compliquée par la réalité du marché, pour l'AIE

14/12/2023
AFP

Une croissance de la demande mondiale de pétrole au ralenti et une production américaine en hausse risquent de contrarier la stratégie de l'OPEP+ visant à soutenir les prix, estime jeudi l'Agence internationale de l'énergie (AIE) dans son rapport mensuel sur le pétrole.

Plusieurs membres de l'Opep+, Arabie saoudite et Russie en tête, ont annoncé fin novembre de nouvelles coupes de production de pétrole pour 2024, afin de tenter d'enrayer la récente chute des cours.

"L'augmentation continue de la production (par ailleurs, ndlr) et une croissance de la demande au ralenti risquent de compliquer les efforts de certains producteurs clé pour défendre leur part de marché et maintenir des prix du pétrole élevés", note l'AIE jeudi.

Début décembre, les prix du pétrole avaient de fait perdu 25 dollars du baril par rapport à septembre, leur plus bas niveau depuis six mois, ajoute-t-elle.

Du côté de l'offre, la croissance de la production américaine "continue de défier les prévisions", souligne l'AIE, dépassant 20 mb/j. Brésil et Guyana atteignent aussi des niveaux record.

La demande mondiale pour sa part devrait croître en 2023 de 2,3 millions de barils par (mb/j) à 101,7 mb/j. Mais "cela masque l'impact à venir d'un ralentissement accru du climat macroéconomique", prévient l'agence affiliée à l'OCDE.

Celle-ci revoit déjà à la baisse sa prévision de croissance de la demande de pétrole pour le 4e trimestre 2023, avec un ralentissement particulièrement marqué en Europe.

Le ralentissement devrait se poursuivre en 2024, avec une croissance de la demande de brut réduite à 1,1 mb/j, sous l'effet de difficultés économiques dans les grandes économies, mais aussi de phénomènes structurels comme la progression des voitures électriques et de l'efficacité énergétique dans de nombreux secteurs, ajoute l'AIE.

La veille, l'OPEP avait publié des prévisions inverses, annonçant pour 2024 "une croissance saine de 2,2 millions de barils par jour", à 104,36 mb/j, dans son rapport mensuel publié le jour même d'un accord à la COP28 sur l'abandon progressif des énergies fossiles.