Pétrole: le marché doute que Trump fasse plier l'Opep
Les cours du pétrole se stabilisent vendredi, le marché estimant que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'acceptera pas d'augmenter sa production pour faire baisser les prix, malgré les pressions Donald Trump.
"Il est très peu probable que Trump remporte le bras de fer avec Mohammed ben Salmane", le prince héritier d'Arabie saoudite, considère Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
L'Opep et ses alliés (Opep+) ont une grande influence sur le cours du pétrole. Ses membres s'entendent pour ajuster leur production afin de maintenir leurs profits sur le long terme.
Elle organise ainsi depuis fin 2022 une stratégie de raréfaction de l'offre et dispose actuellement d'une capacité inexploitée de production de près de six millions de barils par jour.
Lors d'une allocution en ligne jeudi devant un parterre de grands patrons, à l'occasion du Forum économique mondial de Davos, M. Trump a déclaré qu'il allait "demander à l'Arabie saoudite et à l'Opep de baisser le coût du pétrole" et donc de remettre en cause cette stratégie.
Son objectif affiché est de faire baisser les prix afin de lutter contre l'inflation et d'augmenter le pouvoir d'achat des Américains.
Les cours ont immédiatement baissé dans la foulée de sa déclaration, mais l'effet d'annonce s'estompe vendredi car il n'est "pas inhabituel pour Trump d'appeler l'Opep+ à produire davantage de pétrole", souligne à l'AFP Jorge Leon de Rystad Energy.
"Il avait déjà demandé à l'Arabie saoudite d'augmenter sa production lors de son premier mandat", poursuit l'analyste.
Ryad "a plus que jamais besoin d'un pétrole à 80 dollars le baril", estime Bjarne Schieldrop, notamment pour financer son plan "Saudi Vision 2030", qui doit lui permettre de diversifier ses sources de revenus.
En outre, les producteurs américains ont eux aussi besoin de prix élevés pour répondre à la demande du président américian de "forer à tout-va", sans quoi ces nouveaux forages ne seront pas rentables.
Au total, "Trump devra faire un choix entre produire plus et réduire drastiquement les prix", raisonne Jorge Leon.
Le président américain a affiché lors de son investiture son intention d'accroître la production américaine de pétrole et de gaz pour "remplir les réserves stratégiques" et "exporter l'énergie américaine dans le monde entier".
Il a notamment levé les restrictions sur les projets pétroliers en Alaska tout en révoquant les objectifs en matière d'énergie verte de l'administration Biden.
Vers 10H25 GMT (11H25 à Paris), le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars, prenait 0,34% à 78,56 dollars.
Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, pour livraison le même mois, gagnait 0,32% à 74,86 dollars.
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